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21 octobre 2017

Rappelons le palmarès de Napoléon III le Petit...

[Article de 2008 réactualisé, suite à la décision par Christian Estrosi d'inscrire et fêter, en octobre 2017, la ville de Nice dans la liste des "villes impériales" et fêtant en grande pompe Napoléon Bonaparte ainsi que Napoléon III ayant annexé frauduleusement Nice en 1860]

napo_cartepostale

 Le maire de Nice a prit, avant même d’être élu, la tête d’une camarilla parisienne faussement intellectuelle, faussement érudite, à la recherche de la médiocre notoriété médiatique que peut donner notre temps qui ne vit que de trompeuses apparences ; cette coterie de salon, éloignée des préoccupations populaires, prétend faire réhabiliter le dictateur sous prétexte que ce personnage ne devrait son affreuse réputation qu’à la vindicte de Victor Hugo qui le surnomma “Napoléon le Petit”. Mais ce ne sont pas seulement Victor Hugo, Henri Rochefort, Victor Noir ni des centaines d’autres qui l’ont flétri, qui ont jeté “l’Homme du Deux-Décembre” dans les poubelles de l’Histoire, ce sont ses actes, tout simplement.

 

Cet individu qui institua un régime dictatorial et “tripoteur” comme on disait à l’époque, ne fit que profiter politiquement et financièrement de l’essor industriel dû aux inventions et aux progrès techniques du XIXe siècle. On peut résumer sa vie et son œuvre à une longue suite de forfaits, de trahison, de catastrophes et de sang : 1836 tentative de coup d’Etat à Strasbourg : exil aux Etats-Unis ; 1840 tentative de coup d’Etat à Boulogne : captivité au fort Ham ; 1846 évasion ; élu député puis président de la république en 1848, jure fidélité à la Constitution ; 2 décembre 1851 coup d’Etat qui renverse la république ; Le putschiste avait fait réquisitionner la veille 25 millions à la Banque de France et distribua cette fortune à ses complices, aux généraux et aux soldats. Féroce répression : selon les chiffres « officiels » plus de 400 morts à Paris sur les barricades et 300 fusillés, 32 départements en état de siège, colonnes infernales qui pourchassaient les républicains résistants en province, lesquels étaient fusillés, emprisonnés ou envoyés au bagne. Luttes féroces dans une vingtaine d’entre eux dont la Drôme, l’Hérault, le Var et les Basses Alpes ; 26 642 personnes arrêtées ou poursuivies, 20 000 condamnées à diverses peines, dont : 239 déportées à Cayenne, 9 530 déportées en Algérie, 1 545 condamnées à l’éloignement, ou à l’expulsion, 2 804 condamnées à l’internement. Jules Simon écrivit que “ces chiffres officiels étaient inférieurs de plus de la moitié à la réalité”. La représentation nationale fut décapitée : 4 députés déportés à Cayenne, 1 en Algérie, 84 expulsés de France avec interdiction de revenir sous peine de déportation (dont Victor Hugo et Schoelcher), 18 éloignés et assignés à résidence. L’un des premiers actes du dictateur fut de rétablir la peine de mort que la république de 1848 avait abolie.

 

Le dictateur ne se maintint au pouvoir que par la censure de la presse, les lois et tribunaux d’exception, les candidatures officielles et les plébiscites truqués. Le 18 juillet 1870, alors que l’Empire était soi disant devenu “libéral” 49 opposants, enchaînés comme du bétail, furent traînés devant le tribunal d’exception de Blois pour complot ; le grand patriote et érudit Niçois Henri Sappia qui était du nombre fut condamné sans preuves à 15 ans de prison ! Et M. Estrosi, à qui il faut rappeler qu’un boulevard à Nice porte le nom d’Henri Sappia, se récrie quand Victor Hugo nomme le tyran : Napoléon le Petit ! Si l’on honore à Nice Napoléon le Petit, il faudra voiler les plaques qui portent les noms de Garibaldi et d’Henri Sappia, qui eux sont de vrais héros niçois. Qui réécrit l’His-toire, Victor Hugo qui l’a vécue et subie comme tant de républicains où la camarilla que préside M. Estrosi ? Mais ils ne parviendront pas à transformer une histoire écrite avec le sang en histoire à l’eau de rose. Quand on lit seulement vingt pages au hasard du Napoléon le Petit, histoire d’un crime de Hugo, qui relate la sauvagerie de la répression lors du coup d’Etat, on regrette instantanément que cet homme n’ait pas été châtié comme il le méritait. Ceux qui veulent s’éclairer sur le personnage doivent absolument lire cet ouvrage.

 

1860Donnons encore quelques détails sur la moralité du régime dont M. Estrosi vente les “vertus”. Pendant qu’Eugénie surnommée “Chiffons” (qui disposait d’un train spécial aménagé avec un luxe oriental) dépensait des fortunes pour enrichir ses écrins de bijoux et entassait des monceaux de toilettes dans des galeries entières des Tuileries, Morny, demi-frère du dictateur (que le coup d’état du 2 décembre avait sauvé d’une banqueroute personnelle imminente) fit une fortune dans l’agiotage et les opérations sur les Chemins de fer ; il diffusa aussi les fameux bons “Jecker” qui provoquèrent la guerre du Mexique. Le duc de Persigny fit tout autant. Il se nommait Fialin et son titre ducal fut la récompense de son active complicité lors du coup d’Etat. La vie privée de Napoléon III fut déplorable du début à la fin et la France par le biais de la liste civile désintéressa ses anciennes maîtresses, entretint celles du moment, ainsi que les nombreux enfants illégitimes qu’il n’avait pas reconnus ; en 1869 il titra l’un d’eux comte d’Orx et lui offrit un domaine de 1 200 hectares…

 

A ce sommaire mais édifiant palmarès il faut rajouter la désastreuse guerre du Mexique engagée pour une sordide affaire d’argent (La dette Jecker) et qui, outre le sang versé, ruina beaucoup de porteurs français souscripteurs de sociétés mirifiques mon-tées au Mexique par des officines proches du trône. Napoléon finit par retirer ses troupes et sans état d’âme laissa fusiller Maximilien qu’il avait persuadé d’accepter la couronne Mexicaine ; à son insu, l’éphémère et naïf souverain lui avait servi d’homme de paille. La guerre contre la Prusse, qui se terminera par la honteuse capitulation à Sedan, l’invasion de la France, le siège de Paris pendant lequel la population en fut réduite à marger les rats, une énorme indemnité de guerre, la perte de l’Alsace et de la Lorraine qui provoqua la guerre de 14-18, l’humiliante proclamation de l’Empire Allemand à Versailles dans la galerie des Glaces, et l’explosion populaire qui provoqua la Commune. Déchu, celui avait pris pour devise “L’Empire, c’est la Paix” et n’avait fait que des guerres sera libéré par les Prussiens après quelques mois de séjour doré dans un château où entouré de quelques maréchaux prisonniers formant sa cour, il pouvait recevoir et correspondre à sa guise. Exilé en Angleterre, après avoir renversé la république, ruiné et amoindri et humilié la France, l’empereur déchu complotait toujours. Un nouveau coup d’Etat était prévu au printemps 1873 à Lyon avec la complicité du général Bourbaki, gouverneur militaire de la ville (rappelons qu’en pleine guerre Bourbaki s’était enfui en Suisse avec ses troupes, pendant que Garibaldi prenait un drapeau aux Prussiens)… Usé par les plaisirs et une vie des plus dissolue, le césar de pacotille souffrait aussi de la maladie de la pierre ; ceci contrariait ses projets car cette affection lui interdisant de monter à cheval, condition indispensable pour haranguer les troupes casernées à Lyon. Afin d’être opérationnel au printemps, il décida imprudemment de se faire opérer à la hâte au début de l’année, trois fois à quelques jours d’intervalle ; il décéda sur la table d’opération le 9 janvier 1873, davantage victime de son ambition maladive et des abus, que de la maladie. Le hasard, sous la forme d’un bistouri anglais évita à la France un nouveau coup d’Etat.

Que pourrions-nous mettre à son actif ? Il fit abattre d’anciens îlots pour tracer les grands boulevards à Paris ? Mais c’était dans le but premier d’éviter les barricades et de pouvoir faire manœuvrer ses troupes en cas d’émeute ; le canal de Suez et les Chemins de fer ? C’était pour procurer d’immenses profits aux banques, soutiens du régime à ses complices et à lui-même. Il a fini, par octroyer le droit de grève ? Oui mais en interdisant aux ouvriers le droit d’association ; il a gouverné légalement par plébiscites ? Oui, mais ils étaient truqués ; il y avait pourtant des élections ? Oui, mais il désignait des “candidats officiels” qui disposaient de tous les moyens coercitifs et financiers des préfectures… On pourrait continuer longtemps l’énumération. Ce régime fut corrompu à un tel point que les souverains furent même méprisés et abandonnés par ceux qu’ils couvraient d’or. A la chute du régime, l’impératrice ne trouva pas, parmi tous ces profiteurs galonnés et empanachés, une seule personne pour l’aider et la protéger, pas une ! Elle demanda effrayée : “Mais où sont les bonapartistes ?” On lui répondit pudiquement : “Ils sont à la guerre”… C’est l’ambassadeur d’Autriche, qui la conduisit dans la rue, appela un fiacre et disparut ! Jetée sur le pavé comme un encombrant paquet alors que la foule envahissait les Tuileries, elle erra de porte en porte… Elles demeurèrent closes.

caricature napoleon1

Son manque de dignité fut tel qu’elle finit par s’asseoir sur un perron pour attendre… son dentiste ! Etant Américain et politiquement neutre il la reçut et la cacha. Sa fuite vers l’Angleterre fut tout aussi lamentable. Marie-Antoinette fut extrêmement digne dans la charrette qui la conduisait à l’échafaud et certains de ses partisans tentèrent sans succès de la faire fuir, Louis XVI trouva des nobles, des Suisses, et des gardes du corps pour mourir pour lui le 10 août aux tuileries, Charles X embarqua à Boulogne pour l’exil entouré de 20 000 hommes, des troupes fidèles s’étaient proposées pour protéger Napoléon 1er lors de sa seconde abdication… Et bien Eugénie, reine des fêtes de l’Empire, entourée de Maréchaux, de généraux, de ministres, de préfets, d’ambassadeurs, d’archevêques, passant des revues, acclamée par une claque composée de policiers civils, ne trouva personne…

De Prusse, Napoléon le Petit écrivit à son épouse exilée en Angleterre : “Lors-que je serai libre, je voudrai aller vivre avec toi et Louis dans un petit cottage avec des bow-windows et des plantes grimpantes. Je me suis amusé à faire un budget qui correspondrait à ce que nous pourrions avoir de revenus je te l’envoie…” ; quelle grandeur d’âme ! pendant que le responsable de la catastrophe pensait à son magot et aux plantes grimpantes, dans Paris assiégée, on mangeait des rats… Ceux qui veulent “réhabiliter” un tel homme, un tel régime, ont une très curieuse idée de la démocratie, et quand il s’agit du maire de Nice, les Niçois peuvent légitiment s’inquiéter.

Ce régime corrompu jusqu’à moelle était déconsidéré et méprisé même par ceux qui le composaient et en tiraient profit. Ce détail est loin d’être négligeable, il confirme sa véritable nature : une association d’escrocs assoiffés de profits, de comploteurs toujours à l’affût d’un avancement, de militaires qui rêvent de guerre et de commandements, de juristes prêts à trahir les lois, des ministres serviles qui suivent l’homme qui peut les élever encore plus haut… Et un prince-président qui coordonne toute cette cour des miracles des beaux quartiers pour renverser la République dans un bain de sang. Les opposants qui ne sont pas morts sont exilés, le peuple est muselé d’une main de fer, les libertés sont supprimées, les élections sont truquées et durant dix huit ans tout ce beau monde entasse les profits, les honneurs, les places, les prébendes, plastronne à l’opéra, ne boit que du champagne millésimé et entretient des ballerines… Un capitaine coule avec son bateau, mais ce régime-là, s’effondre dans la honte d’une capitulation sans gloire et tout le monde se volatilise instantanément, comme des malfaiteurs à la vue du gendarme… Quand le décor s’effondre, l’impératrice de ce grand bal des vanités, de la concupiscence, de la trahison et du déshonneur, se retrouve seule, abandonnée sur le pavé de Paris. Mais la régente de l’empire, dans un dernier élan de grandeur sublime, pensant aux armées défaites, aux soldats morts, aux prisonniers qui manquaient de tout, à la France envahie, à Paris menacée, avait pris la veille de sa fuite… la précaution de faire mettre ses malles de bijoux à l’abri dans une ambassade étrangère ! Tout est perdu, le pays est par terre, sauvons la caisse…

 

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