Le "fameux" chemin de fer présenté comme le cadeau de la France à Nice après son annexion. Le “cadeau de Napoléon III”, l’une des plus belle affaires que les capitalistes et l’Etat français aient fait sur le dos des Niçois. Ce projet était déjà dans les cartons du gouvernement sarde (plusieurs études n’attendaient que le feu vert du ministère) et se serait réalisé de toute manière car les banquiers français désiraient relier le réseau ferroviaire français au réseau italien pour s’ouvrir un fabuleux marché commercial. L’Etat français n’a pas donné un centime, mais simplement une caution sans risques à la société PLM, qui avait l’exclusivité de l’opération. En sus l’Etat français, colossale affaire, se réservait de récupérer tout le réseau 80 ans plus tard, toujours sans bourse délier… Ce ne fut pas un “cadeau aux Niçois” mais un fabuleux cadeau aux affairistes de l’Empire.

En effet, en 1852, le réseau ferroviaire français appartenait par tronçons à diverses petites compagnies, et Napoléon III décida de les faire racheter par une seule société, le PLM (Paris-Lyon-Méditerranée) qui désormais aurait l’exclusivité des réseaux ferroviaires en France. Quand vous connaîtrez le nom de la personne qu’il chargea de l’opération, vous aurez tout compris : le comte de Morny, son propre demi-frère, surnommé à juste titre “le plus grand tripoteur de l’empire” ! On imagine ce qu’il dut gagner… le 3 juillet 1857 l’empereur signa à Plombières le décret approuvant la fusion des lignes, et ratifia le décret ministériel du 19 juin précédent concédant au PLM les lignes à construire ou à achever, dont le tronçon Toulon-var. L’annexion de Nice était nécessaire pour aller plus loin. Ce “détail” réglé manu militari par une occupation militaire et un plébiscite truqué, Badinguet s’empressa de signer le 22 août 1860 le décret N° 8190 autorisant le PLM à effectuer le tronçon Var-Nice. Monaco qui avait conservé sa liberté eut droit au chemin de fer gratuitement puisqu’il fallait à tout prix atteindre la frontière italienne pour remplir les coffres des banquiers français et ceux de la famille impériale. Le 7 mai 1862, dernier acte de la juteuse comédie du “cadeau à Nice”, la France et l’Italie signèrent la convention autorisant la jonction des réseaux ferroviaires des deux pays, et le PLM hérita évidemment du marché. Banco, c’était gagné, pour le gros capital français et le demi-frère de l’empereur qui raflait sa part du gâteau…

Alors, cessons une fois pour toutes de parler de “cadeau” fait aux Niçois car c’est vraiment les prendre pour des imbéciles. Beaucoup de sociétés étrangères s’intéressaient de près à ce fructueux projet et les Niçois, s’ils avaient été indépendants, auraient facilement réalisé eux-mêmes l’opération à la place de l’Etat français ; en sus, ils auraient récupéré le réseau 80 ans plus tard.

Les Nouvelles Niçoises