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21 janvier 2008

« Bac moins cinq » honore celui qui a renversé la République et a le culot de critiquer Victor Hugo !

Le 10 décembre dernier, journée des Droits de l’Homme ( !) M. Estrosi (accompagné entre autres de M. Raoul Mille) s’est rendu en Angleterre pour « se recueillir » sur la sépulture de celui que Victor Hugo a flétri du nom de « Napoléon le Petit » ; il milite pour le retour de sa dépouille et son inhumation en France !

Jusque-là, personne n’avait osé. Eh bien, un sous-ministre de la Vème République ose, lui, aller se receuillir sur la tombe de l’homme qui le 2 décembre 1851 renversa la IIème République par un sanglant coup d’Etat pour se proclamer empereur…et que la IIIème République a déchu et banni à jamais… En cette année du bicentenaire de Garibaldi, M. Estrosi soi-disant « Niçois jusqu’au bout des ongles », n’honore pas le héros niçois, mais son mortel ennemi !

A une époque où l’on n’étuide plus l’histoire, il convient de rafraîchir les mémoires en rappelant les exploits du sinistre personnage que veut promouvoir M. Estrosi : à l’aube du 2 décembre 1851, après avoir fait distribuer « gratifications » aux troupes, il fit arrêter à 3 heures du matin les questeurs de l’Assemblée ainsi que des pelletées de généraux, d’hommes politiques et de journalistes. Pendant trois jours, ses sbires embastilleront les opposants et occuperont le sièges des journaux et des imprimeries. Victor Hugo rédigera alors un appel aux armes qui fut imprimé clandestinement et affiché.

50 députés parvinrent à pénétrer dans le Palais Bourbon, proclamèrent la déchéance du président félon et signèrent un décret de convocation de la Haute Cours pour le juger, mais des soldats viennent les arracher brutalement de leurs sièges. 220 députés se réunirent alors à la mairie du Xème arrondissement de Paris et décidèrent que « l’Assemblée était investie de la plénitude des pouvoirs par le décret de déchéance du président ».

Une compagnie de soldats cerna le bâtiment et leur chef lut les instructions : laisser sortir les députés qui n’opposeraient pas de résistance et emprisonner les autres à la prison de Mazas ». Les députés crièrent d’une voix : « A Mazas ! A Mazas ! ». Le soir, 20 autres parlementaires les rejoignirent en prison…

Paris et les provinces se soulevèrent. La capitale se couvrit de barricades et Bonaparte jeta 52 000 soudards appuyés par 117 canons sur le peuple avec une consigne : « pas de prisonniers ». le député Baudin tombera héroïquement sur une barricade. On fusilla à Paris et en province plus de 600 insurgés qui défendaient la République et 32 départements furent mis en état de sièges ! La répression fut féroce, notamment dans le Dauphiné, le Var et les Basses Alpes ; de nombreux républicains traqués se réfugièrent à Nice, alors terre d’asile.

Bilan « officiel » du coup d’Etat : 26 642 personnes arrêtés, 20 000 condamnées à diverses peines dont 239 déportées à Cayenne, 9 530 déportées en Algérie, 1 545 condamnées à « l’éloignement » ou à l’expulsion, 2 804 à l’internement. Mais Jules Simon a écrit que « ces chiffres étaient inférieurs de plus de la moitié à la réalité ». un décret du 9 janviers suivant assit la dictature en décimant la représentation nationale : 4 députés seront déportés à Cayenne, 1 en Algérie, 84 seront expulsés de France avec interdiction d’y revenir sous peine de déportation, dont Victor Hugo et Schoelcher (qui avait abolit l’esclavage en 1848) ; 18 furent éloignés et placés en résidence surveillée…

Après le coup d’Etat, le putchiste couronné dont l’hermine était tachée de sang se maintint  au pouvoir par des plébiscite truquées, par la censure de la presse et la répression politique ; il instaura un régime corrompu et « tripoteur » orchestré par son demi-frère Morny qui devint richissime, notamment grâce à ses opérations sur les Chemins de Fer ; il fut aussi à la source de la désastreuse expédition du Mexique, uniquement organisée pour récupérer ‘la dette Jecker » (des banquiers amis de Morny). C’est donc devant la dépouille de celui qui renversa la République par un sanglant coup d’Etat que M. Estrosi, sous-ministre de la République s’est « recueilli »… et il veut rapatrier son cors en France !

Il faut avoir une bien curieuse idée de la démocratie pour oser honorer un tel personnage le jour où l’on célébrait les Droits de l’Homme ! Cette démarche est très inquiétante, surtout pour les Niçois puisque M. Estrosi veut prendre Nice comme jadis l’a fait son « héros ». Reste à savoir si les divisions de l’UMP qui n’ont d’autres canons que les médias à la botte, pourront réduire à merci la ville de Ségurane et de Garibaldi… car si Ségurane a disparu, les Niçois ont encore des battoirs, en l’occurrence des bulletins de vote… A moins qu’il procède comme Napoléon le Petit lors du plébiscite de 1860, et qu’il n’y ait que des bulletins de vote portant son nom…

Honorer Napoléon le Petit est une insulte à Nice, car ce triste individu devenu empereur fit occuper Nice par son armée le 1er avril 1860, puis organiser un plébiscite truqué, pour justifier l’annexion devant les puissances européennes. En 1870, il fit également condamner le grand patriote et érudit niçois Henri Sappia, à 15 ans de prison par un tribunal d’exception à sa botte réuni à Blois. Mais ce dictateur qui fit verser le sang en abondance était très économe du sien. En 1870, pourtant responsable de la guerre, il voulut quitter le front et rentrer à Paris ; l’impératrice lui fit répondre : « s’il revenait à Paris, on lui jetterait à la face plus que de la boue » et comme il insistait, la régente fut plus claire encore « L’empereur ne doit pas rentrer, il ne rentrera pas… en tout cas pas vivant… » Cerné dans Sedan, il rendit lâchement son épée aux Prussiens. Quand à Paris on apprit la nouvelle à l’impératrice, elle répondit, hautaine : « C’est impossible, un Napoléon ne rend pas son épée, il est mort au feu, on me le cache ». On confirma qu’il s’était rendu et Eugénie suffoquant de honte s’effondra secouée de spasmes nerveux. Même sa propre épouse eut honte de lui !

Le soir du 4 septembre quand ils apprirent la capitulation française, les Niçois se soulevèrent, envahirent la préfecture, brisèrent partout les symboles de l’empire haï. Ils se portèrent en masse place Napoléon, arrachèrent plaques et aigles impériales, et la rebaptisèrent eux même sur-le-champ : place Garibaldi.

Prisonnier, Napoléon III eut la lâcheté de demander et obtint qu’on le conduise en Prusse par la Belgique pour ne pas avoir à croiser les longs convois de ses troupes captives et le regard de ses soldats qu’il avait sacrifié à sa mégalomanie guerrière. Confortablement installé au château de  Wilhemshöhe, entouré de trois maréchaux, libre de recevoir et de correspondre, le « prisonnier » ne se préoccupa que de sa retraite et de ses rentes :  « Lorsque je serai libre, je voudrais aller vivre avec toi et Louis dans un petit cottage avec des bow-windows et des plantes grimpantes. Je me suis amusé à faire un budget qui correspondrait à ce que nous pourrions avoir de revenus ; je te l’envoie.»

La France était envahie, à Paris assiégé l’on mangeait les rats et celui qui avait proclamé ‘L’Empire c’est la paix ! » s’en tira par une captivité dorée de 195 jours ! M. Estrosi qui lors de son raout à Acropolis s’était déclaré « Niçois jusqu’au bout des ongles », et avait cité « ses héros Niçois » dont aucun ne l’était, vient de prouver une fois de plus que s’il est Niçois de naissance, il ne l’est sûrement pas de cœur et encore mois d’esprit, car il honore l’homme qui transforma notre Sénat en prison et interdit aux Niçois de parler leur langue.

M. Estrosi ferait mieux de laisser les dépouilles des Napoléonides où elles sont, car le dernier politicien qui en fit rapatrier une en France a laissé un très mauvais souvenir au monde : Adolf Hitler fit en effet ramener à Paris les cendres de l’éphémère « roi de Rome », croyant ainsi amadouer les  Français ; les gens affamés murmuraient ironiquement : « Il a du culot, il vole notre beurre et notre charbon et nous renvoie des cendres… » Et aujourd’hui alors que les Niçois se débattent dans les pires difficultés, que Nice subit la déliquescence française, M. Estrosi, fouillant dans les poubelles de l’histoire, ne trouve d’autre cause à défendre que le rapatriement de la dépouille d’un dictateur en France ! Qui sait, à ce compte-là, si dans un siècle on n’honorera pas Pinochet et Bokassa… et dans deux ou trois siècles, le docteur Goebbels, que l’on présentera comme un génie de la publicité…

Et, cerise, presque risible, sur le gâteau si ce n’était pas insultant pour les victimes celui que certains ont surnommé « Bac moins cinq » se permet d’accuser Victor Hugo de falsification ! Installé comme un chanoine à la chaire de la chapelle, il a déclaré « On a jeté un manteau de calomnies et de mensonge sur Napoléon III […] Victor Hugo, retoucheur de l’histoire officielle, qui dans ses écrits tourna un grand homme en ridicule… ». Victor Hugo qui s’est dressé contre le coup d’Etat, qui en a été victime puisqu’il a été exilé et menacé de déportation, Victor Hugo, acteur et témoin des faits aurait « retouché l’histoire officielle », alors qu’il l’a vécue !!! C’est bel et bien M. Estrosi qui veut « retoucher » la vérité historique. Si les mannes de toutes les victimes du dictateur venaient visiter les songes de M. Estrosi, il ne dormirait plus jamais en paix de toute sa vie.

Napoléon III, c’est aussi l’époque des « candidatures officielles » aux « élections », l’époque où les ouvriers vivaient miséreux, l’époque de la censure et des lois d’exceptions. Ce projet est une insulte faites aux républicains français et aux vrais Niçois. M. Estrosi ferai mieux de s’intéresser aux priorités sociales ; ce ne sont pas les luxueux dépliant glacés avec sa photo, distribués par milliers dans les boites aux lettres, dont les Niçois ont besoin. Il prétend avoir fait beaucoup pour le social, alors que le conseil général qu’il préside réduit sans cesse l’allocation aux adultes handicapés ; devant les caméras, il vente ses extraordinaires réalisations mais actuellement certains malades âgées et grabataires n’ayant pas les moyens financiers de se faire changer décemment les couches comme il conviendrait, croupissent dans leurs excréments ; il faut avoir le courage de le dire crûment, haut et fort, pour faire cesser ce scandale.

A entendre ses amis, M. Estrosi qui bâti des ponts, des rond-points et goudronne des routes dans le haut-pays, serait une sorte de mécène, on l’a même qualifié de Messie… Mais il « n’aide » personne, il fait simplement ce pour quoi il est mandaté, et avec l’argent de nos impôts pas avec le sien. Il fait surtout ce qui se voit, et principalement dans des communes qui sont son socle électoral, parcqu’elles ne peuvent pas faire autrement pour assurer leur nécessaire.

Son conseil gaspille des fortunes en communication et néglige l’essentiel ; il ferait mieux de subventionner la réfection et l’agrandissement de la maison de retraite des anciens combattants au lieu de réduire la subvention promise. M. Estrosi ferait mieux aussi d’utiliser notre argent pour subventionner l’hôpital de Cimiez qui manque cruellement de moyens pour soigner dignement les vieillards en fin de vie qui s’y trouvent. Une société qui traite ainsi ses anciens est une société dévoyée et un président de conseil général qui laisse perdurer des situations aussi immorales doit être écarté du pouvoir.

Les vrais Niçois, ceux qui défendent l’identité et les valeurs niçoises, ne permettront sûrement pas qu’un homme qui admire un dictateur sanglant qui annexa leurs ancêtres par la force, qui s’acharna à détruire notre identité et notre langue, qui jeta Henri Sappia en prison, soit maire de Nice. Ce serait une hérésie historique. En honorant Napoléon le Petit, à juste titre flétri d’infamie par Victor Hugo, M. Estrosi approuve de fait ce que ce dictateur à fait subir à nos ancêtres. Et en plus, M. Estrosi, aussi provoquant envers les Niçois qu’avec les Kanaks, projette le rapatriement du corps en 2010, pour le cent cinquantième anniversaire de l’annexion !

S’il compte « fêter » cet anniversaire à Nice, il risque d’y avoir un très grand remue-ménage dans la ville… parce qu’une bonne majorité de Niçois ne l’entendent pas de cette oreille du tout… Dans la bouche du candidat de Paris, nous n’avons jamais entendu les noms de Ségurane, de Garibaldi, de Max Barel, mais il admire Napoléon le Petit et cherche les mêmes alliances que françois Ier pour tenter de mettre notre ville à sa botte… Comme le coq gaulois, il méprise notre histoire et veut nous soumettre totalement à Paris, mais Nice, la vraie, défendra ses intérêts, elle se dressera contre lui et le renverra à ses maîtres.

S’ils veut nous traiter politiquement comme récemment il traita les Kanaks (et l’intolérable pression médiatique que nous subissons prouve qu’il en prend tout droit le chemin), il va apprendre à connaître les vrais Niçois… Car n’est pas véritablement Niçois, celui qui ignore que Nice aujourd’hui ne se prend pas, mais qu’elle se donne ou se refuse librement…

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les Nouvelles Niçoises, janvier 2008 

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