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21 juillet 2007

Le bicentenaire vu par le monopole de presse niçois

Plusieurs articles ont été consacrés au héros des Deux Mondes dans le monopole, mais leur teneur appelle quelques importantes remarques et corrections. Les journalistes ne sont certes pas des historiens, mais là on a vraiment poussé un peut trop loin le bouchon…

Certains n’ont pas encore compris qu’aujourd’hui il n’est plus possible de décolorer l’histoire niçoise à la machine à laver française ; les Niçois se sont réappropriés leur histoire, longtemps confisquée, et ils sont très informés de la vérité. Nous avons pu assister à maintes réactions irritées à la lecture de ces articles, qui prouvent que les Niçois ne se laissent plus berner.

Citons quelques exemples : « Il [Garibaldi] n’aura pas témoigné en toutes circonstances de la lucidité nécessaire ». Archi-faux, Garibaldi a toujours témoigné d’une grande lucidité : pour faire l’Italie, il a compris qu’il fallait à l’époque composer avec la maison de Savoie, il a prévu avant tous une grande fédération européenne, il ne s’est jamais laissé « récupérer » par les politiciens et à préféré se retirer à Caprèra, il a également fermement condamné le colonialisme, dès l’intervention française en Tunisie.

La suite est bien pire encore : « s’agissant des relations de Nice avec la France, son éloignement ne lui aura pas permis de mesurer l’attrait de l’Hexagone pour le comté de Nice ; peut-être aussi se relations familiaux et amicaux l’ont mal informé ; mais tout cela pèse peu face à la force d’un destin digne là d’un opéra de Verdi »… Dire que le destin de Garibaldi est « digne » d’un opéra de Verdi, est plus déplacé c’est l’inverse qui est vrai, car Verdi n’à fait que mettre en musique les actions de Garibaldi, magnifiquement il est vrai. Quant à la thèse selon laquelle Garibaldi se serait « mépris » sur l’intention des Niçois « qui auraient voulu  massivement être annexés à la France », elle est démentie formellement par tous les faits, les documents et les archives diplomatiques sans exception ; ce n’est plus de la désinformation mais un mensonge éhonté : il suffit de relire les lettres de Cavour à Nigra, son représentant à Paris : « En Savoie je persiste à croire que le parti français l’emportera. Il n’est pas de même du comté de Nice. A moins que l’on exclue toute la vallée de la Bévéra et une portion du littoral [c’est-à-dire Nice] ; il conviendrait par d’habiles mesures de s’assurer du résultat de ce vote ».

Et la lettre de l’ambassadeur français Talleyrand à son ministre Thouvenel : « Cavour prétend qu’à Nice il y aura d’assez grandes difficultés à surmonter… Je crois qu’il serait temps d’aviser au moyen de faire prévaloir notre influence dans cette province » ; et encore mieux, le journal du capitaine Secrétain, envoyé de Napoléon III : « 15 avril, premier jour du vote dans le comté de Nice. c’est le général [Frossard] qui a fait hâter ce vote afin de mettre un terme aux mouvements de population indigène (!) » les trois premiers courriers datant d’un mois (!) seulement avant le plébiscite et le texte de Secrétain du jour même du plébiscite !

Comment peut-on croire ou faire croire que les Niçois ont « voté massivement » pour l’annexion, alors que tous les jours avaient lieu à Nice des manifestations anti-annexionnistes, comme l’indiquent les rapports du commandant de division sarde Morelli, et maints témoignages, même français, comme celui du sieur Paccard ? L’annexion s’est faite par « la fraude, la corruption et la force brutale » comme l’à écrit Garibaldi : occupation militaire et civile française, désignation par la France des « comités » qui dressèrent les listes électorales sans voie de recours, pas de bulletin « Non », pas d’isoloirs, pas d’observateurs neutres, urnes sous la seule garde des pro-français la nuit du 15 au 16 avril, suppression de l’obligation de résidence à Nice pour voter, intervention du préfet (français) du Var pour faire inscrire des sois-disant Niçois habitant en France sur les listes, masse de Provençaux inconnus et non inscrits que les « comités » laissèrent voter, vote public et non secret, pressions diverses… on pourrait encore en rajouter deux pages ! Au point que le correspondant du Times à écrit : « le plébiscite de 1860 fut la farce la plus abjecte qui ait jamais été jouée dans l’histoire des Nations »

D’ailleurs deux courriers de Nigra à Cavour déclinent clairement les intentions françaises et prouvent qu’il a bien failli ne pas y avoir de plébiscite du tout, même truqué (et que celui-ci n’à été organisé que sur les instances de Cavour qui redoutait la réaction des puissances européennes et voulait à tout prix préserver les formes pour leur donner le change) : « le gouvernement français voulait pas s’exposer à la possibilité d’un échec éventuel, n’admet pas la votation préalable en Savoie et à Nice. Il n’admet même pas que l’on considère dans le traité une stipulation précise sur le mode de constater les vœux des populations. Il veut une cession pure et simple accordée par un traité…» et encore « je crains qu’un beau jour, l’annexion ne se trouve faite par un décret inséré au Moniteur et par une occupation militaire » Et si cela ne suffisait pas, encore une lettre de Cavour : « les intrigues du consul de France à Nice rendent la situation intolérable… cela va faire naître des troubles que nous devons réprimer sévèrement… les ouvriers sont anti-séparatistes, si on leur chauffe la tête, ils finiront par rosser leurs adversaires ».

Les Niçois étaient tellement fâchés avec Garibaldi qu’ils l’élirent avec Laurenti-Roubaudi, le 29 mars 1860, pour tenter d’empêcher l’annexion. Plus tard ils l’élirent encore le 8 février 1871 à 72,73% des voix avec Piccon et Bergondi avec mandat de faire annuler le traité de Turin… Et selon le monopole de presse, Garibaldi aurait été « mal informé » de ce qui se passait à Nice ? Et il ne craint pas de publier cela à l’occasion du bicentenaire du héros niçois… Ignorance ? Désinformation ? Les vrais Niçois apprécieront que l’on cabosse leur histoire au gré des convenances du moment.

On poursuit avec une interview de M. Giaume, présenter comme « historien » bien qu’aucune œuvre ou étude historique personnelle d’envergure ne semble justifier cette flatteuse qualification, mais dont le nom figure effectivement parmi les « porteurs du projet » de « commercialiser le nom du héros niçois selon la tradition garibaldienne à hauteur de 3000 à 15000 €, à négocier », ce qui peut-être, qui sait, fait de lui un « défenseur  de la tradition garibaldienne » aux yeux de l’establishment niçois.

Notre historien déclare : « La seconde fois, le malentendu était total. Il est vrai que Garibaldi n’à pas pardonné à la royauté de Piémont-Sardaigne de céder Nice mais aussi la Savoie à la France ou plutôt à une empereur » ; nous sommes contraints de demander à M. l’historien pourquoi dans ce cas Garibaldi a accepter de se présenter en février 1871 comme chef de file du parti séparatiste niçois qui avait mandant de demander l’abrogation du traité de Turin et de séparer Nice, non plus d’un empereur mais bien de la IIIème République… et pour finir, la dernière question du journaliste est un poème : « Les Niçois ont fini par pardonner assez vite à Garibaldi son hostilité à une Nice française ? » Nous répondrons à la question à la place de M. l’historien : « les Niçois ont aimé Garibaldi précisément parce qu’il refusait l’annexion de Nice à la France, et leurs descendants risquent de ne pas apprécier du tout que l’on dise l’inverse de ce qui fut ».

Les Nouvelles Niçoises, juillet 2007

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