TENDE : La région fut habitée au chalcolithique et à l'âge du bronze ancien par des tribus agro-pastorales. Leurs probables descendants, les Ligures, occupent ensuite les lieux. Lorsque les Romains soumettent ces peuplades alpines (les Oratelli, les Eguituri, les Rotubiens....), ils installent sur le site un camp militaire (d'où l'origine du nom : tente, campement). Les Sarrasins envahissent Tende vers 902, et ils en sont expulsés à la fin du Xe siècle (vers 973-974). Un des plus anciens documents connus sur le comté de Vintimille date de 996, lorsque le seigneur Conrad Ier de Vintimille est investi officiellement des fiefs de Tende, Breil, Saorge et La Brigue. À l'époque, ce petit comté, qui va être pendant quelques siècles un État tampon entre la Savoie et la Provence, s'étendait de San Remo jusqu'à Monaco et Vintimille, situé à l'embouchure de la Roya, jusqu'au col de Tende. Il comprenait également Peille, Lucéram, ainsi que les vallées de la Bévéra, de la haute Vésubie et de la haute Tinée. La première mention de Tende date du XIe siècle, lorsque le marquis de Turin, Ardoin de Suze, accorde certaines libertés aux habitants de Tende, La Brigue et Saorge. Cette charte est contresignée (probablement un peu avant 1041) par Conrad et Othon de Vintimille, vassaux d'Ardoin. Le déclin des comtes de Vintimille va commencer avec l'expansionnisme de la République de Gênes. En 1140, les Génois prennent Vintimille. Le comte Obert Ier est contraint de leur prêter l'hommage vassalique pour ses châteaux de Poipin, Rocambrunam et Golbi (Puypin / Menton, Roquebrune et Gorbio). Le 30 août 1157, son fils Guido Guerra rend lui aussi l'hommage féodal pour ces fiefs et ceux de Tendant, Brehl, Sauricium, La Brigam (Tende, Breil, Saorge, La Brigue). À partir de 1162, les villages de Tende et de La Brigue s'opposent sur leurs limites territoriales. Ce procès dura longtemps car un arbitrage définitif, en faveur des Brigasques, ne fut rendu qu’en 1282. En 1219, les Vintimille renouvellent leur serment de fidélité aux Gênois, mais les populations refusent la suzeraineté du consulat de Gênes, et les habitants de Breil, Saorge, La Brigue et Tende concluent entre eux un pacte d’alliance. En 1257, le comte Guillaume III de Vintimille, dit Guillaumin, cède ses terres à Charles Ier de Provence. Le 28 mars 1258, les neveux de Guillaumin, Georges et Boniface, cèdent aux Provençaux les droits qu'ils possèdent sur Sospel, Breil, Saorge, Castillon, Monaco, Roquebrune. Toutefois, les frères de Guillaumin, Pierre-Balbe et Guillaume-Pierre, n'acceptent pas ces cessions. Ils s'imposent aux Tendasques, Breillois, Saorgiens et Brigasques, et entrent en rébellion contre le comte de Provence. Ils sont les fondateurs du comté de Tende qui va leur appartenir jusqu'à la fin du XVIe siècle. En 1261, Pierre-Guillaume de Vintimille, seigneur de Tende, épouse Eudoxie, fille de l'empereur grec de Nicée, Théodore II Lascaris. Leur fils Jean prend le nom de Lascaris de Vintimille. Deux branches vont se former : les comtes Lascaris-Vintimille de Tende et ceux de La Brigue. En 1388, les premiers refusent de prêter hommage au comte de Savoie. Toutefois, en 1581, leurs descendants vendent leurs droits à Emmanuel-Philibert, ce qui permet à la Savoie de contrôler enfin la route du col de Tende. Quant aux seigneurs Lascaris-Vintimille de La Brigue, ils se rallient à la Savoie en 1406. Pendant les règnes de Charles-Emmanuel Ier et de Victor-Amédée Ier, la route du col de Tende est améliorée et prend le nom de Grand Chemin ducal. À partir de 1780, le roi de Piémont-Sardaigne Victor-Amédée III, fait entreprendre de gros travaux pour la rendre entièrement carrossable. Elle devient Route royale. La région est envahie par les troupes françaises entre 1691 et 1697, et de nouveau pendant la Révolution. En 1814, elle redevient sarde. En 1860, lors de l’annexion la commune de Tende (comme celle de La Brigue), va rester sarde puis devenir italienne, et ce jusqu'au traité de Paris du 10 février 1947 (traité de paix signé entre les quatre Grands et l'Italie). La frontière actuelle se situe en contrebas de la ligne de crêtes et de partage des eaux entre les deux pays, elle longe la piste dite stratégique qui se trouve en France.
THIERY : Les quelques vestiges retrouvés sur le territoire (tegulae, dolia, restes d'habitats), témoignent de son occupation à l'époque romaine. La première mention du castrum de Terio date de 1064, lors d'une donation faite à la cathédrale Sainte-Marie de Nice. À la fin du XIIIe siècle, le fief appartient à Guillaume Rostaing. Ce seigneur despotique est assassiné par les habitants du village. En 1315, sa fille et unique héritière, Astruge, épouse Andaron Grimaldi (oncle de Rainier Ier Grimaldi de Monaco). C'est ainsi que fut créée la lignée des Grimaldi de Beuil. Lors de l'affouage de 1315, le bourg comptait 47 feux (environ 250 habitants). Après la chute d'Annibal Grimaldi, an 1621, Thiéry, Touët-de-Beuil et Lieuche sont concédés à Filiberto della Villana. Thiéry passe ensuite aux Clarciil, pour lesquels il est érigé en comté. Cette famille conserva le fief jusqu'à la Révolution.
TOUDON : De nombreux vestiges témoignent de la présence de peuplades néolithiques, puis de leurs probables descendants les Ligures Beretini . Les nombreuses restanques (terrasses de culture) élaborées par ces derniers continuer à être cultivées par les Gallo-Romains. Pendant la pax romana, les premiers habitats dispersés sont construit à proximité des zones de culture et de pacage. En 1032, le village de Tudomno, dans le comté de Glandèves, est mentionné dans des documents écrits de l'abbaye de Lérins. Au XIe siècle, les seigneurs du castrum de Todon les Glandèves, prêtent l'hommage vassalique aux comtes de Provence. En 1232, Toudon est inféodé à Jean Glandèves et, à la même époque, les Templiers de la commanderie de Biot sont présents dans la région car il possèdent des terres. En 1252, Raibaud de Scros (Ascros) s'empare du fief, mais Rostaing de Toudon le récupère grâce à l'aide du seigneur de Gilette. Par héritage et par vente, Toudon est partagé entre plusieurs coseigneurs dont les Chabaud, les Laugier des Ferres et les Grasse. Au XVe siècle, il fait partie des biens de la famille Grasse du Mas. Au début du XVIe siècle, Louis de Grasse vend cette possession à Honoré Ier Grimaldi. En 1537 le fils de ce dernier, Jean-Baptiste, seigneur d'Ascros, en est investi par le duc de Savoie. Toudon reste une possession des Grimaldi de Beuil jusqu'en 1621. Après l'exécution d'Annibal Grimaldi, ce sont les Galléan qui reçoivent Toudon, Tourette-Revest et Ascros. À la mort de Jean-Baptiste Galléan, les fiefs passent aux Caissotti de Roubion qui les conserveront jusqu'en 1794. Lors des conflits entre les révolutionnaires français et les Austro-Sardes, le village est dévasté et pillé. Il est annexé par les Français jusqu'en 1814, puis il redevint sarde jusqu'en 1860. Toudon fut partiellement détruit par plusieurs tremblements de terre : en 1564, 1619 et 1644. Ce dernier séisme provoqua la mort de 36 habitants alors que la commune en comptait 200.
TOUET DE L’ESCARENE : Les premières mentions du site (Toeti, Toet, Tohet) datent du XIIe siècle. Ensuite, le castrum est cité en 1252, dans l'enquête commandée par le comte de Provence Charles Ier. Un acte du 6 mars 1271 fait état du partage de la seigneurie en trois parts égales, entre Bertrand de Châteauneuf, Raybaud de Berre et Pons Caïs, ainsi que du serment prêté par ces trois coseigneurs. La part des Caïs fut confisquée en 1388. Il y eut ensuite plusieurs coseigneurs qui se succédèrent jusqu'à la Révolution. Les derniers feudataires sont les Caravadossi puis l'avocat niçois Raphaël Miloni qui rachète Touët en 1786 et pour lequel ce territoire est érigé en baronnie. Situé au pied de la montagne, Touët servait d'étape et de relais muletier pour les caravanes qui empruntaient cette route du sel qui passait par le col de Braus. En 1928, la commune est rattachée à la ligne ferroviaire reliant Nice à Cuneo. Le village est le lieu de naissance de l’érudit et patriote niçois Henri Sappia
TOUET-SUR-VAR : Les nombreux vestiges retrouvés sur le territoire témoignent de la présence des Ligures (tribu des Eguituri), puis des Romains (sarcophages, traces d'un village). l’agglomération fortifié (le Toeti est citée pour la première fois en 1108, dans le cartulaire de la cathédrale Sainte-Marie de Nice. l In acte daté du 17 septembre 1293 nous apprend que Sibille cède son château de Touët au seigneur (le Beuil, Guillaume Rostaing, sous la suzeraineté des comtes de Provence. Quant aux Templiers de la commanderie de Rigaud, tourte proche, ils possédaient de nombreux biens aux alentours. Depuis 1176, ils pratiquaient l'élevage à Touêt. À partir de 1388, le fief, qui a pour seigneurs les Grimaldi de Beuil, passe sous le protectorat de la Maison de Savoie. En 1621, après l'exécution d'Annibal Grimaldi, ses châteaux sont rasés et ses biens dispersés. Le 24 mars de la même année, Touët est inféodé au baron Filiberto della Villana, puis il échoit aux Claretti en 1634. En janvier 1793, les troupes révolutionnaires investissent le village l’occupant jusqu'en 1814 (retour au Piémont-Sardaigne) durant cette occupation les barbets s’illustreront par leur résistance face l’envahisseur, et l'un d'entre eux, Martinet de Touët, est capturé et exécuté.
LA TOUR : (La Tour-sur-Tinée) La région fut occupée par plusieurs tribus ligures, les Eguituri, les Nemeturi et les Aratelli. Ces derniers y avaient édifié une tour, d'où l'appellation du village. Pendant la paix romaine, le bourg fut une étape obligée sur l'axe routier romain qui menait de Nice à Embrun. Au XIIe siècle, La Torre était encore un hameau d'Utelle et faisait partie du comté de Vintimille-Val de Lantosque. Vers la moitié du XIIIe siècle, le comte de Provence lui donne son indépendance en le détachant de sa commune de tutelle. En 1388, La Torre passe sous la domination du comté de Savoie. Elle est alors., inféodée aux Grimaldi de Beuil qui vont la conserver jusqu'en 1621 (exécution d'Annibal). En 1700, le fief est racheté par le comte Della Chiesa pour lequel il est érigé en comté. Sel descendants le gardèrent jusqu'à la Révolution. Quant à la communauté médiévale de Saint-Jean-d'Alloeh, mentionnée dans des documents écrits de 1251, elle est abandonnée après l'épidémie de peste de 1467 qui décima presque tous ses habitants. Toutefois, jusqu'à la fin du XIXe siècle, pour les curés de La Tour, la cérémonie d'investiture de leur paroisse s'est déroulée dans l'église du village primitif, la chapelle Saint-Jean. En 1754, la commune comptait 1.300 habitants. En 1860, lors de son annexion par la France, il yen avait encore 910 (elle était alors la plus peuplée du canton). À l'époque romaine, le village devait sa prospérité à sa situation, sur le trajet d'une importante voie de communication, mais aussi à ses cultures oléicoles et à ses forêts. Au début du XXe siècle, il comptait 30.000 oliviers. Actuellement, malgré une très forte diminution de cette culture, La Tour reste la principale commune oléicole de la Tinée.
TOURETTE-DU-CHATEAU : La présence de l'homme date du néolithique et les nombreux vestiges retrouvés sur le territoire attestent qu’il fut ensuite occupé par les ligures (habitats, nombreuses restanques sur les pentes sud du mont Vial) puis par les Romains. Les premières mentions des villages de Tourrette et de Revest datent du XIe siècle, lorsque des Tourrettants fondent l’agglomération de Revest, à 2 km en aval. Vers 1200, le castrum de Torretta est mentionné comme fief des Glandèves, sous la suzeraineté des comtes de Provence. À cette époque, les Templiers de la commanderie de Biot y possédaient également des biens. En 1271, Tourette-Revest est partagé entre plusieurs coseigneurs appartenant à des familles de vieille noblesse niçoise ou provençale : l'amiral niçois Guillaume Olivari, les Laugeri, les Guigonis. Au XIVe siècle, ce village ainsi que ceux de Toudon et d'Ascros sont toujours inféodés conjointement à plusieurs familles seigneuriales : les Ranulfi (en 1338) ainsi que les Berre, qui sont également coseigneurs d'Ascros. En 1352, Tourette-Revest passe à Pierre Balb, seigneur de Valdeblore, mais en 1381, la reine Jeanne le donne au chanoine Guillaume Chabaud, « pour services rendus en Calabre contre les rebelles, avec terroirs, lieux fortifiés, droit de glaive, juridiction à Tourette et à Toudon ». Lors de la dédition de 1388, alors que disparaissent les vieilles familles seigneuriales fidèles aux comtes de Provence, Amédée VII de Savoie confirme les Grimaldi de Beuil dans leurs possessions, « pour prix de leurs services ». Le 12 février 1446, Barnabé Grimaldi reçoit l'investiture pour les fiefs de Levens et Tourette-Revest. Lorsque, le 3 mai, il reçoit l'hommage vassalique, il confirme leurs privilèges aux habitants. Son frère Louis, qui entre en possession de Levens et de Tourette-Revest en 1473, est à l'origine de la branche des Grimaldi de Levens. Son fils Jean Ier (1543-1603), seigneur de Tourette-Revest, Levens et Rimplas, fut banni pour rébellion ainsi que ses cousins de Beuil. Il perdit la Haute-Juridiction et dut verser 4.000 écus pour rentrer en possession de ses biens. Le petit-fils de Louis, Jean II, et son cousin Jean-Baptiste, seigneur d'Ascros, en rebellion contre les ducs de Savoie, se mettent au service de la France et terrorisent la région. En 1550, à la suite d'un retournement d'alliances entre ces deux pays, Jean II est banni. Toutefois, en 1557, le duc de Savoie Emmanuel-Philibert lui rend ses fiefs pour le remercier de son action en Flandre. En 1611, le fils de Jean II, César, vend Tourette-Revest à son cousin Annibal Grimaldi. Tourette va être fatal à ce dernier, car c'est dans ce château qu'il est exécuté, le 9 janvier 1621. La seigneurie échoit alors aux Galléan avant de passer par héritage, en 1752, aux Caissotti de Roubion qui conservèrent le fief jusqu'à la Révolution. Ils eurent pour obligation de reprendre le nom et les armes des Galléan. Pendant les guerres qui se succèdent, aux XVIe, XVIle et XVIIIe siècles, Tourette-Revest fut occupé, dévasté et pillé de multiples fois. En 1793, le village est occupé par les français, mais après la chute de l'Empire, il redevient sarde jusqu'à l’annexion de 1860. En 1871, à la suite de querelles incessantes et anciennes, les deux communes se séparent. Tourette doit céder 861 hectares de territoire à Revest-de-l'Estéron, la future Revest-les-Roches.
TOURNEFORT : Le site est investi par les Romains qui y établissent un poste fortifié. Ultérieurement, cet oppidum devient un castrum. C'est au Xlle siècle, dans le cartulaire de la cathédrale de Nice, que Tornafort est cité pour la première fois. En 1176, les Templiers y possèdent des terres, sur lesquelles ils établissent une commanderie et un hospice. Lors de l'affouage de 1315, 34 feux sont recensés (environ 180 habitants). En 1388, lors de la dédition, la seigneurie, qui était primitivement une possession de la famille Tournefort, passe aux Grimaldi de Beuil. En 1622, après la mort d'Annibal Grimaldi, Tournefort est inféodé aux Caissotti puis, en 1723, aux Bruno de Coni (Cuneo), pour lesquels il est érigé en comté. En 1887, un tremblement de terre détruit partiellement le village primitif du Vieux Tournefort, où s'étaient établis les Templiers. Vers 1937-1938, les habitants finissent par abandonner le site pour s'installer à La Colle.
TOURETTE-LEVENS : Les vestiges retrouvés sur ce territoire témoignent d'une présence humaine dès le paléolithique. Il est ensuite occupé par les Ligures Védiantiens puis par les Romains. En 999, Odile et son époux Miron, vicomtes de Nice, font donation à l'abbaye de Saint-Pons du quart d'un village dénommé La Rocca, avec les terres attenantes, en contrebas du castrum Revello (Revel étant situé au sud de Torrettas). A partir du XIle siècle, le fief de Tourrette appartient aux Chabaud, de puissants seigneur locaux qui possèdent également une grande partie de Châteuneuf. La citadelle, qui comprenait à l’origine six tours, est construite en 1176 par Raimond Chabaud, à un emplacement d'une grande importance stratégique car il surplombe une ancienne voie romaine devenue une route du sel. Au cours des siècles, le fief est périodiquement partagé entre plusieurs coseigneurs, dont les Flayosc et les Berre, mais au XVIle siècle, les Chahaud en sont les seuls feudataires. En 1671, Honoré Chabaud meurt sans descendance directe, Tourrette échoit à sa nièce Marie-Anne Peyrani, mariée au Piémontais François Marie Canubio. En août 1685, les nouveaux propriétaires vendent à Pierre-Antoine Thaon le lieu-dit Revel situé à Tourrette. Cet acquéreur possédait déjà Saint-André. Quant au château de Tourrette, il a été érigé en comté par le duc de Savoie et il va rester une possession de la famille Cambio jusqu'à son rachat, en 1828, par Gio Antonio Cartes, le notaire de la commune. À partir de 1840, les Tourrettans abandonnent le village primitif pour s'installer à proximité des terres cultivables. En 1907-1908, la Compagnie des tramways de Nice et du littoral fait construire un viaduc. Avec le succès de l'automobile, cette ligne est fermée en 1931.
LA TRINITE : Des vestiges d'habitats et de castellaras retrouvés sur le plateau du Tercier attestent que le site fut occupé par des tribus ligures Védiantiens puis par les Romains. Le territoire de La Trinité, situé à un carrefour routier, était un lieu de passage facile et presque incontournable. La Via Julia Augusta, entre La Turbie et Cimiez, longeait la rive gauche du vallon de Laghet et rejoignait le Paillon au lieu dit Roma. Au Moyen Âge, il existait plusieurs hameaux dispersés qui dépendaient d'Èze, en particulier ceux de l'Ariane et Laghet. Dans une charte de 1045, l'abbaye Saint-Victor de Marseille mentionne une donation faite par Raimbald, coseigneur de Nice et de Vence, concernant Laghet et les terres alentour. Toutefois, un siècle plus tard, ce hameau a disparu, sauf une chapelle et ses dépendances qui sont rattachées à la seigneurie d'Èze. En 1652, un prêtre ézasque, Jacques Fighiera, fait restaurer la chapelle à ses frais et rouvrir le sentier menant à Èze. À la suite de plusieurs miracles, ce lieu de culte est encore restauré et agrandi. Depuis, Notre-Dame-de-Laghet est devenu un important centre de pèlerinage. Quant au bourg de l'Ariane, grâce à sa situation sur la route du sel reliant Nice à Tende, que les ducs de Savoie font améliorer à partir de 1592, il se développe rapidement. En 1617, afin de ne plus être obligés de se rendre à Drap ou à Èze pour assister aux offices religieux, les habitants construisent la chapelle de la Sainte-Trinité. En 1726, la dénomination « La Trinité » remplace définitivement celle de « L'Ariane ». Vers 1778, près de 16.800 mulets empruntent annuellement cette route du sel. Malheureusement, cet itinéraire est également celui des armées et de nombreux passages de troupes d’invasion ont lieu au cours des XVIe , XVIIe et XVIIIe siècles. Elles pillent, dévastent et exigent des contributions qui ruinent la population. Le 30 janviers 1818, après détachement de terres appartenant à Eze et à Drap, ce hameau est érigé en commune indépendante par le roi Victor-Emmanuel Ier, et portera le nom de Trinité-Victor (d’où l’accolement du Victor, en l’honneur du roi Victor-Emmanuel Ier). La commune gardera le nom de La Trinité-Victor jusque dans les années 1970, avant d’être renommé La Trinité. Le 4 mai 1869, une convention règle les limites territoriales définitives entre les 3 communes. Le pont de L'Ariane est construit en 1893. Elle doit son développement démographique à sa situation limitrophe de Nice.
LA TURBIE : Comme l'attestent les nombreux vestiges de castellaras retrouvés sur les sommets alentour, le territoire fut occupé par des tribus celto-ligures. En 13 avant notre ère, les Romains construisent la Via Julia Augusta, le plus souvent sur le tracé de l'antique Voie héracléenne, qui elle-même avait repris les premières pistes ligures. Des chemins de traverse permettaient de descendre vers les différents ports : Portes Herculis Monceci (Monaco), Portus Avisio (anse de Saint-Laurent d'Èze), Anao (Beaulieu) et Olivula (rade de Villefranche). Vers 6 - 7 avant notre ère, le sénat romain, pour commémorer les victoires d'Auguste et glorifier la puissance militaire de Rome, fait ériger un trophée à un point stratégique, sur cette Via Julia qui reliait Rome à Aix et Arles (où elle rejoignait la Via Domitia qui menait en Espagne). Sur l'Itinéraire d'Antonin, ce point, qui est désigné sous le terme Alpe Summa, marque la frontière entre la Gaule et l'Italie (plus tard repousser au fleuve Var). Pendant les siècles obscurs, avec le passage des hordes barbares et les raids des Sarrazins, le Trophée d'Auguste commence à être saccagé. Au XIe siècle, le cartulaire de la cathédrale de Nice mentionne une communauté villageoise autonome, regroupée autour de son église, à proximité du monument mutilé, mais dont les terres s'étendent jusqu'au port de Monaco. À cette époque, Puypin (Menton) et Roquebrune relevaient du diocèse de Vintimille, La Turbie, de celui de Nice. Des documents ultérieurs (XIIe et XIlle siècles) citent Castro de Torbia, Turbia, Turris Vae (la tour sur la voie). Primitivement, le consulat de Peille avait juridiction sur La Turbie, mais la communauté se détache de sa ville de tutelle à la fin du XIIe siècle. Elle est inféodée à plusieurs coseigneurs. Des documents écrits datés de 1151 indiquent que la majeure partie du territoire appartient à la famille Féraud d'Èze et que Bertrand de Berre y possède des vignes. En 1191, l'empereur du Saint Empire romain germanique concède aux Génois la propriété du Rocher et du port de Monaco (leur domination est confirmée en 1215, date à laquelle ils édifient un château sur le Rocher). Au cours des XIIe et XIIIe siècles, les terres de La Turbie et ses hameaux (Beausoleil, Cap d'Ail) vont être, au gré des conflits entre Guelfes et Gibelins, possessions des Grimaldi de Monaco et des Spinola de Gênes. Jusqu'en 1760, il y aura des luttes permanentes entre les Turbiasques et les habitants de Monaco pour la possession du territoire. Entre 1125 et 1325, la tour qui compose le Trophée est transformée en forteresse (castro de Torbia). En 1246, Rostaing et Féraud d'Èze sont coseigneurs de La Turbie. En 1300, la moitié de la seigneurie est passée aux Laugier de Nice, qui la cèdent à Daniel Marquesan en 1329. Les terres en question lui procurant des revenus trop modestes, en 1331, Daniel Marquesan les vend au comte de Provence Robert le Sage qui les rattache directement au domaine comtal. Pour ce dernier, le site de La Turbie, qui surplombe le château fort de Monaco, est d'une grande importance stratégique. À partir de 1332, le fief dépend administrativement de la viguerie de Nice et le suzerain provençal favorise la création d'une Universitas dirigée par les chefs de famille de la communauté. A partir de la dédition de 1388, et jusqu'en 1860, à part de courtes interruptions, La Turbie et ses hameaux vont dépendre des États de la maison de Savoie. La forteresse fut une de leurs places fortes. En décembre 1506, lorsque les Génois assiègent Monaco, les troupes françaises, qui soutiennent Lucien Grimaldi de Monaco, investissent la forteresse de La Turbie. En mars 1507, après avoir pris Menton incendié et incendié Roquebrune, les Génois prennent d'assaut ladite forteresse. À partir de cette date, elle est mentionnée comme étant ruinée. De 1652 Jusqu'à la Révolution, la seigneurie est érigée en baronnie pour la famille Blancardi. En avril 1691, avec l'aide des Monégasques, Catinat s'empare de La Turbie. Vauban ne tarde pas à venir inspecter les lieux. De 1705 jusqu'au traité d'Utrecht (1713), La Turbie, dont la forteresse a été partiellement démantelée, passe sous l'autorité du prince Antoine Ier de Monaco (bien qu'ils aient refusé de prêter l'hommage, les Blancardi restèrent propriétaires du fief). En novembre 1760, un traité avec Monaco délimite une frontière commune. Il met fin aux vieilles et incessantes querelles entre les Turbiasques et les Monégasques portant sur la propriété des terres. De par sa position frontalière, La Turbie fut également un important centre de contrebande (sel et autres monopoles d'État). À partir de l’annexion par la France, la ville devient une station climatique très prisée des hivernants (construction du chemin de fer à crémaillère venant de Monaco) De plus, elle conserve son rôle stratégique grâce aux forts de La Revère et du mont Agel. Au début du XXe siècle, les communes de Beausoleil (1904) et de Cap-d'Ail (1908) sont créées par détachement du territoire de La Turbie. Après la Seconde Guerre mondiale, son développement touristique s'accélère. Ce vaste territoire, qui descendait jusqu'à la mer, bénéficiait de ressources agricoles très variées : des céréales sur les pentes du mont Agel, alors que les terroirs du littoral étaient couverts de figuiers, d'agrumes et d'oliviers.